Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/326

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MÉLISSE.

Tu n’es pas dégoûtée. Enfin, Lyse, sans rire,
C’est un homme bien fait ?

LYSE.

400C’est un homme bien fait ?Plus que je ne puis dire.

MÉLISSE.

À sa lettre il paroît qu’il a beaucoup d’esprit ;
Mais, dis-moi, parle-t-il aussi bien qu’il écrit ?

LYSE.

Pour lui faire en discours montrer son éloquence,
Il lui faudroit des gens de plus de conséquence :
405C’est à vous d’éprouver ce que vous demandez.

MÉLISSE.

Et que croit-il de moi ?

LYSE.

Et que croit-il de moi ?Ce que vous lui mandez :
Que vous l’avez tantôt vu par votre fenêtre ;
Que vous l’aimez déjà.

MÉLISSE.

Que vous l’aimez déjà.Cela pourroit bien être.

LYSE.

Sans l’avoir jamais vu ?

MÉLISSE.

Sans l’avoir jamais vu ?J’écris bien sans le voir.

LYSE.

410Mais vous suivez d’un frère un absolu pouvoir,
Qui vous ayant conté par quel bonheur étrange
Il s’est mis à couvert de la mort de Florange,
Se sert de cette feinte, en cachant votre nom,
Pour lui donner secours dedans cette prison.
415L’y voyant en sa place, il fait ce qu’il doit faire[1].

  1. Var. Comme il y tient sa place, il fait ce qu’il doit faire. (1645-56)