Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/339

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Scène VI.

DORANTE, LYSE, CLITON.
DORANTE, à Lyse.

Je ne t’espérois pas si soudain de retour.

LYSE.

Vous jugerez par là d’un cœur qui meurt d’amour.
695De vos civilités ma maîtresse est ravie :
Elle seroit venue, elle en brûle d’envie ;
Mais une compagnie au logis la retient :
Elle viendra bientôt, et peut-être elle vient ;
Et je me connois mal à l’ardeur qui l’emporte,
700Si vous ne la voyez même avant que je sorte.
Acceptez cependant quelque peu de douceurs
Fort propres en ces lieux à conforter les cœurs :
Les sèches sont dessous, celles-ci sont liquides.

CLITON.

Les amours de tantôt me sembloient plus solides.
705Si tu n’as autre chose, épargne mieux tes pas :
Cette inégalité ne me satisfait pas.
Nous avons le cœur bon, et dans nos aventures
Nous ne fûmes jamais hommes à confitures.

LYSE.

Badin, qui te demande ici ton sentiment ?

CLITON.

710Ah ! tu me fais l’amour un peu bien rudement.

LYSE.

Est-ce à toi de parler ? que n’attends-tu ton heure ?

DORANTE.

Saurons-nous cette fois son nom, ou sa demeure ?

LYSE.

Non pas encore sitôt.