Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/341

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LYSE.

Ces quatre diamants dont elle est enrichie
Ont sous eux quelque feuille, ou mal nette, ou blanchie,
Et je cours de ce pas y faire regarder.

DORANTE.

Et quel est ce portrait ?

LYSE.

Et quel est ce portrait ?Le faut-il demander ?
735Et doutez-vous si c’est ma maîtresse elle-même[1] ?

DORANTE.

Quoi ? celle qui m’écrit[2] ?

LYSE.

Quoi ? celle qui m’écrit ?Oui, celle qui vous aime ;
À l’aimer tant soit peu vous l’auriez deviné[3].

DORANTE.

Un si rare bonheur ne m’est pas destiné ;
Et tu me veux flatter par cette fausse joie.

LYSE.

740Quand je dis vrai, Monsieur, je prétends qu’on me croie[4].
Mais je m’amuse trop, l’orfèvre est loin d’ici ;
Donnez-moi, je perds temps.

DORANTE.

Donnez-moi, je perds temps.Laisse-moi ce souci :
Nous avons un orfèvre arrêté pour ses dettes,
Qui saura tout remettre au point que tu souhaites.

LYSE.

Vous m’en donnez, Monsieur.

DORANTE.

745Vous m’en donnez, Monsieur.Je te le ferai voir.

LYSE.

A-t-il la main fort bonne ?

  1. Var. Voyez-vous pas que c’est ma maîtresse elle-même ? (1645-60)
  2. Var. Qui ? celle qui m’écrit (1645 et 48)
  3. Var. À l’aimer tant soit peu vous l’eussiez deviné. (1645-56)
  4. Var. Quand je dis vrai, Monsieur, j’entends que l’on me croie. (1645-56)