Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/343

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LYSE.

Je n’ai pas le loisir d’entendre tes sottises.

CLITON.

Avec cette rigueur tu me feras mourir.

LYSE.

Peut-être à mon retour je saurai te guérir[1] ;
Je ne puis mieux pour l’heure : adieu.

CLITON.

Je ne puis mieux pour l’heure : adieu.Tout me succède.


Scène VII.

DORANTE, CLITON.
DORANTE.

760Viens, Cliton, et regarde. Est-elle vieille ou laide ?
Voit-on des yeux plus vifs ? voit-on des traits plus doux ?

CLITON.

Je suis un peu moins dupe, et plus futé que vous.
C’est un leurre, Monsieur, la chose est toute claire :
Elle a fait tout du long les mines qu’il faut faire.
765On amorce le monde avec de tels portraits :
Pour les faire surprendre on les apporte exprès ;
On s’en fâche, on fait bruit, on vous les redemande ;
Mais on tremble toujours de crainte qu’on les rende[2] ;
Et pour dernière adresse, une telle beauté
770Ne se voit que de nuit et dans l’obscurité,
De peur qu’en un moment l’amour ne s’estropie[3]
À voir l’original si loin de sa copie.
Mais laissons ce discours, qui peut vous ennuyer[4].
Vous ferai-je venir l’orfèvre prisonnier ?

  1. Var. Peut-être à mon retour je te saurai guérir. (1645-56)
  2. Var. Mais on tremble toujours de peur qu’on ne les rende. (1645-60)
  3. Var. De crainte qu’aussitôt l’amour ne s’estropie. (1645-60)
  4. Var. Mais laissons ce discours, qui vous peut ennuyer. (1645-56)