Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/377

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais je me trompe fort, ou sa fenêtre s’ouvre.

DORANTE.

Je me trompe moi-même, ou quelqu’un s’y découvre.

PHILISTE.

1415J’avance ; approchez-vous, mais sans suivre mes pas,
Et prenez un détour qui ne vous montre pas :
Vous jugerez quel fruit je puis espérer d’elle
Pour Cliton, il peut faire ici la sentinelle.

DORANTE, parlant à Cliton, après que Philiste s’est éloigné[1].

Que me vient-il de dire ? et qu’est-ce que je vois ?
1420Cliton, sans doute il aime en même lieu que moi.
Ô ciel ! que mon bonheur est de peu de durée !

CLITON.

S’il prend l’occasion qui vous est préparée,
Vous pouvez disputer avec votre valet
À qui mieux de vous deux gardera le mulet[2].

DORANTE.

1425Que de confusion et de trouble en mon âme !

CLITON.

Allez prêter l’oreille aux discours de la dame ;
Au bruit que je ferai prenez bien votre temps,
Et nous lui donnerons de jolis passe-temps.

(Dorante va auprès de Philiste.)

Scène V.

MÉLISSE, LYSE, à la fenêtre[3] ; PHILISTE, DORANTE, CLITON.
MÉLISSE.

Est-ce vous ?

  1. Cette indication manque dans les éditions antérieures à 1663.
  2. Garder le mulet, locution proverbiale, qui signifie « attendre longtemps, s’ennuyer à attendre. »
  3. L’édition de 1663 omet ici les mots à la fenêtre, et porte en marge, à côté du premier vers de la scène : Mélisse et Lyse sont à la fenêtre.