Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/381

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Daignez prendre pour vous les vœux qu’il a reçus ;
Ou si, manque d’amour, votre soupçon persiste…

DORANTE.

N’en parlons plus, de grâce, et parlons de Philiste :
Il vous sert, et la nuit me l’a trop découvert.

MÉLISSE.

1480Dites qu’il m’importune, et non pas qu’il me sert ;
N’en craignez rien. Adieu : j’ai peur qu’il ne revienne.

DORANTE.

Où voulez-vous demain que je vous entretienne ?
Je dois être élargi.

MÉLISSE.

Je dois être élargi.Je vous ferai savoir
Dès demain chez Cléandre où vous me pourrez voir.

DORANTE.

1485Et qui vous peut sitôt apprendre ces nouvelles ?

MÉLISSE.

Et ne savez-vous pas que l’amour a des ailes ?

DORANTE.

Vous avez habitude avec ce cavalier ?

MÉLISSE.

Non, je sais tout cela d’un esprit familier.
Soyez moins curieux, plus secret, plus modeste,
1490Sans ombrage, et demain nous parlerons du reste.

DORANTE, seul.

Comme elle est ma maîtresse, elle m’a fait leçon,
Et d’un soupçon je tombe en un autre soupçon.
Lorsque je crains Cléandre, un ami me traverse ;
Mais nous avons bien fait de rompre le commerce :
Je crois l’entendre.