Vous y prîtes jadis Clarice pour Lucrèce[1] ;
Aujourd’hui même erreur trompe cette maîtresse[2] ;
Et vous n’avez point eu de pareils rendez-vous
Sans faire une jalouse ou devenir jaloux.
Je n’ai pas lieu de l’être, et n’en sors pas fort triste.
Vous pourrez maintenant savoir tout de Philiste[3].
Cliton, tout au contraire, il me faut l’éviter :
Tout est perdu pour moi, s’il me va tout conter.
De quel front oserois-je, après sa confidence,
Souffrir que mon amour se mît en évidence ?
Après les soins qu’il prend de rompre ma prison,
Aimer en même lieu semble une trahison.
Voyant cette chaleur qui pour moi l’intéresse,
Je rougis en secret de servir sa maîtresse,
Et crois devoir du moins ignorer son amour[4]
Jusqu’à ce que le mien ait pu paroître au jour.
Déclaré le premier, je l’oblige à se taire ;
Ou si de cette flamme il ne se peut défaire,
Il ne peut refuser de s’en remettre au choix
De celle dont tous deux nous adorons les lois.
Quand il vous préviendra, vous pouvez le défendre
Aussi bien contre lui comme contre Cléandre.
Je dois autant à l’un comme l’autre me doit ;