Rend ma langue muette et mon esprit confus.
Scène III.
Vous puis-je en confiance expliquer ma pensée[1] ?
Parlez : notre amitié par ce doute est blessée.
Hélas ! c’est le malheur que je crains aujourd’hui.
L’égalité, mon frère, en est le ferme appui ;
C’en est le fondement, la liaison, le gage ;
Et voyant d’un côté tomber tout l’avantage,
Avec juste raison je crains qu’entre nous deux
L’égalité rompue en rompe les doux nœuds[2],
Et que ce jour fatal à l’heur de notre vie
Jette sur l’un de nous trop de honte ou d’envie.
Comme nous n’avons eu jamais qu’un sentiment,
Cette peur me touchoit, mon frère, également ;
Mais si vous le voulez, j’en sais bien le remède.
Tout ce que la couronne a de charmant en soi.
Oui, Seigneur, car je parle à présent à mon roi,
Pour le trône cédé, cédez-moi Rodogune[3],