Et n’ai point encor vu qu’elle aime aucun des deux[1]…
Et peut-être à dessein je la vois qui s’avance.
Adieu : je dois au rang qu’elle est prête à tenir
Du moins la liberté de vous entretenir.
Scène V.
Je ne sais quel malheur aujourd’hui me menace,
Et coule dans ma joie une secrète glace :
Je tremble, Laonice, et te voulois parler,
Ou pour chasser ma crainte ou pour m’en consoler.
Quoi ? Madame, en ce jour pour vous si plein de gloire ?
Ce jour m’en promet tant que j’ai peine à tout croire :
La fortune me traite avec trop de respect,
Et le trône et l’hymen, tout me devient suspect.
L’hymen semble à mes yeux cacher quelque supplice,
Le trône sous mes pas creuser un précipice ;
Je vois de nouveaux fers après les miens brisés,
Et je prends tous ces biens pour des maux déguisés :
En un mot, je crains tout de l’esprit de la Reine.
La paix qu’elle a jurée en a calmé la haine.
- ↑ Var. Je n’ai point encor vu qu’elle aime aucun des deux (a), (1647-56)
(a) Cette leçon est aussi celle qu’a donnée Thomas Corneille dans l’édition de 1692.