Quand en votre faveur je semblois la trahir,
Peut-être qu’en son cœur plus douce et repentie
Elle en dissimuloit la meilleure partie ;
Que se voyant tromper elle fermoit les yeux,
Et qu’un peu de pitié la satisfaisoit mieux[1].
À présent que l’amour succède à la colère,
Elle ne vous voit plus qu’avec des yeux de mère ;
Et si de cet amour je la voyois sortir,
Je jure de nouveau de vous en avertir :
Vous savez comme quoi je vous suis tout acquise.
Le Roi souffriroit-il d’ailleurs quelque surprise ?
Qui que ce soit des deux qu’on couronne aujourd’hui,
Elle sera sa mère, et pourra tout sur lui.
Qui que ce soit des deux, je sais qu’il vous adore :
Connoissant leur amour, pouvez-vous craindre encore ?
Oui, je crains leur hymen, et d’être à l’un des deux.
Quoi ? sont-ils des sujets indignes de vos feux ?
[2],
Un avantage égal pour eux me sollicite ;
Mais il est malaisé, dans cette égalité[3],
Qu’un esprit combattu ne penche d’un côté.
Il est des nœuds secrets, il est des sympathies
Dont par le doux rapport les âmes assorties
S’attachent l’une à l’autre et se laissent piquer
Par ces je ne sais quoi qu’on ne peut expliquer[4].