Et puisqu’il en faut faire une aide à ma foiblesse,
Que la guerre sans lui ne peut se rallumer[1],
J’userai bien du droit que j’ai de le nommer.
On ne montera point au rang dont je dévale[2]
Qu’en épousant ma haine au lieu de ma rivale :
Ce n’est qu’en me vengeant qu’on me le peut ravir,
Et je ferai régner qui me voudra servir.
Je vous connoissois mal.
Quand je mis Rodogune en tes mains prisonnière,
Ce ne fut ni pitié, ni respect de son rang
Qui m’arrêta le bras, et conserva son sang.
La mort d’Antiochus me laissoit sans armée,
Et d’une troupe en hâte à me suivre animée
Beaucoup dans ma vengeance ayant fini leurs jours
M’exposoient à son frère et foible et sans secours.
Je me voyois perdue, à moins d’un tel otage :
Il vint, et sa fureur craignit pour ce cher gage ;
Il m’imposa des lois, exigea des serments,
Et moi, j’accordai tout pour obtenir du temps.
Le temps est un trésor plus grand qu’on ne peut croire :
J’en obtins, et je crus obtenir la victoire.
J’ai pu reprendre haleine, et sous de faux apprêts…
Mais voici mes deux fils que j’ai mandés exprès :
Écoute, et tu verras quel est cet hyménée
Où se doit terminer cette illustre journée.