La nature et l’amour ont leurs droits séparés ;
L’un n’ôte point à l’autre une âme qu’il possède.
Non, non, où l’amour règne il faut que l’autre cède.
Leurs charmes à nos cœurs sont également doux.
Nous périrons tous deux s’il faut périr pour vous ;
Mais aussi…
Poursuivez, fils ingrat et rebelle.
Nous périrons tous deux s’il faut périr pour elle.
Périssez, périssez : votre rébellion
Mérite plus d’horreur que de compassion.
Mes yeux sauront le voir sans verser une larme,
Sans regarder en vous que l’objet qui vous charme ;
Et je triompherai, voyant périr mes fils,
De ses adorateurs et de mes ennemis.
Eh bien ! triomphez-en, que rien ne vous retienne :
Votre main tremble-t-elle ? y voulez-vous la mienne ?
Madame, commandez, je suis prêt d’obéir :
Je percerai ce cœur qui vous ose trahir ;
Heureux si par ma mort je puis vous satisfaire,
Et noyer dans mon sang toute votre colère !
Mais si la dureté de votre aversion
Nomme encor notre amour une rébellion,
Du moins souvenez-vous qu’elle n’a pris pour armes
Que de faibles soupirs et d’impuissantes larmes.
Ah ! que n’a-t-elle pris et la flamme et le fer !
Que bien plus aisément j’en saurois triompher !