Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/50

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Son hôte et son ami, qui l’en daigna saisir[1] :
Jugez après cela de votre déplaisir.
Ce n’est pas que je veuille, en vous parlant contre elle,
230Rompre les sacrés nœuds d’une amour fraternelle ;
Du trône et non du cœur je la veux éloigner,
Car c’est ne régner pas qu’être deux à régner ;
Un roi qui s’y résout est mauvais politique :
Il détruit son pouvoir quand il le communique ;
235Et les raisons d’État… Mais, Seigneur, la voici[2].


Scène III.

PTOLOMÉE, CLÉOPATRE, PHOTIN.
CLÉOPATRE.

Seigneur, Pompée arrive, et vous êtes ici[3] !

PTOLOMÉE.

J’attends dans mon palais ce guerrier magnanime,
Et lui viens d’envoyer Achillas et Septime.

CLÉOPATRE.

Quoi ? Septime à Pompée, à Pompée Achillas !

PTOLOMÉE.

240Si ce n’est assez d’eux, allez, suivez leurs pas.

CLÉOPATRE.

Donc pour le recevoir c’est trop que de vous-même ?

PTOLOMÉE.

Ma sœur, je dois garder l’honneur du diadème.

CLÉOPATRE.

Si vous en portez un, ne vous en souvenez
Que pour baiser la main de qui vous le tenez,
245Que pour en faire hommage aux pieds d’un si grand homme.

  1. Var. Son hôte et son ami, qui l’en voulut saisir. (1644-56)
  2. Var. Et les raisons d’État… Mais, Sire, la voici. (1644-63)
  3. Var. Sire, Pompée arrive, et vous êtes ici ! (1644-60)