C’est trop, c’est trop, Seigneur, souffrez que j’en abuse :
Votre amour fait ma faute, il fera mon excuse.
Vous me rendez le sceptre, et peut-être le jour ;
Mais si j’ose abuser de cet excès d’amour,
Je vous conjure encor, par ses plus puissants charmes,
Par ce juste bonheur qui suit toujours vos armes,
Par tout ce que j’espère et que vous attendez,
De n’ensanglanter pas ce que vous me rendez.
Faites grâce, Seigneur, ou souffrez que j’en fasse[1],
Et montre à tous par là que j’ai repris ma place.
Achillas et Photin sont gens à dédaigner :
Ils sont assez punis en me voyant régner ;
Et leur crime…
Dessus mes volontés vous êtes souveraine ;
Mais si mes sentiments peuvent être écoutés,
Choisissez des sujets dignes de vos bontés.
Ne vous donnez sur moi qu’un pouvoir légitime,
Et ne me rendez point complice de leur crime.
C’est beaucoup que pour vous j’ose épargner le roi,
Et si mes feux n’étoient…
Scène IV.
ANTOINE, LÉPIDE, CHARMION, Romains.
César, prends garde à toi :
- ↑ Var. Faites grâce, Seigneur, ou souffrez que j’en donne,
Et fasse voir par là que j’entre à la couronne. (1644-56)