Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/207

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Et ce grand nom sans peine a pu vous enseigner
Comment dessus vous-même il vous fallait régner,
Mais pour moi, qui, caché sous une autre aventure,
D’une âme plus commune ai pris quelque teinture,
Il n’est pas merveilleux si ce que je me crus
Mêle un peu de Léonce au cœur d’Héraclius.
À mes confus regrets soyez donc moins sévère :
C’est Léonce qui parle, et non pas votre frère ;
Mais si l’un parle mal, l’autre va bien agir,
Et l’un ni l’autre enfin ne vous fera rougir.
Je vais des conjurés embrasser l’entreprise,
Puisqu’une âme si haute à frapper m’autorise,
Et tiens que, pour répandre un si coupable sang,
L’assassinat est noble et digne de mon rang.
Pourrai-je cependant vous faire une prière ?

Pulchérie

Prenez sur Pulchérie une puissance entière.

Martian

Puisqu’un amant si cher ne peut plus être à vous,
Ni vous mettre l’empire en la main d’un époux,
Epousez Martian comme un autre moi-même :
Ne pouvant être à moi, soyez à ce que j’aime.

Pulchérie

Ne pouvant être à vous, je pourrais justement
Vouloir n’être à personne, et fuir tout autre amant,
Mais on pourrait nommer cette fermeté d’âme
Un reste mal éteint d’incestueuse flamme.
Afin donc qu’à ce choix j’ose toute accorder,
Soyez mon empereur pour me le commander.
Martian vaut beaucoup, sa personne m’est chère,