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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/241

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Doutez, mais haïssez ; et, quoi qu’il exécute,
Je douterai d’un nom qu’un autre vous dispute.
En douter lorsqu’en moi vous cherchez quelque appui,
Si c’est trop peu pour vous, c’est assez contre lui.
L’un de vous est mon frère, et l’autre y peut prétendre.
Entre tant de vertus mon choix se peut méprendre,
Mais je ne puis faillir, dans votre sort douteux,
À chérir l’un et l’autre, et vous plaindre tous deux.
J’espère encor pourtant : on murmure, on menace ;
Un tumulte, dit-on, s’élève dans la place ;
Exupère est allé fondre sur ces mutins,
Et peut-être de là dépendent nos destins.
Mais Phocas entre.



Scène III


Phocas, Héraclius, Martian, Pulchérie, Gardes


Phocas

Eh bien ! Se rendra-t-il, Madame ?

Pulchérie

Quelque effort que je fasse à lire dans son âme,
Je n’en vois que l’effet que je m’étais promis:
Je trouve trop d’un frère, et vous trop peu d’un fils.

Phocas

Ainsi le ciel vous veut enrichir de ma perte.

Pulchérie

Il tient en ma faveur leur naissance couverte;
Ce frère qu’il me rend serait déjà perdu,
Si dedans votre sang il ne l’eût confondu.