Vous, qui depuis quatre ans la servez en amant.
Vous saurez mieux que moi surprendre sa tendresse.
Vous saurez mieux que moi la traiter de maîtresse.
Vous aviez commencé tantôt d’y consentir.
Ah ! Princes, votre cœur ne peut se démentir,
Et vous l’avez tous deux trop grand, trop magnanime,
Pour souffrir sans horreur l’ombre même d’un crime.
Je vous connaissais trop pour juger autrement
Et de votre conseil, et de l’événement,
Et je n’y déférais que pour vous voir dédire.
Toute fourbe est honteuse aux cœurs nés pour l’empire :
Princes, attendons tout, sans consentir à rien.
Admirez cependant quel malheur est le mien :
L’obscure vérité que de mon sang je signe,
Du grand nom qui me perd ne peut me rendre digne ;
On n’en croit pas ma mort, et je perds mon trépas,
Puisque mourant pour lui je ne le sauve pas.
Voyez d’autre côté quelle est ma destinée,
Madame : dans le cours d’une seule journée,
Je suis Héraclius, Léonce et Martian,
Je sors d’un empereur, d’un tribun, d’un tyran.
De tous trois ce désordre en un jour me fait naître,
Pour me faire mourir enfin sans me connaître.
Cédez, cédez tous deux aux rigueurs de mon sort :