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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/451

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Et n’ai mis en ses mains ce Dom du diadème
Qu’affin de l’obliger à s’exclure lui-même.
Ainsi, pour apaiser les murmures du cœur,
Mon refus a porté les marques de faveur ;
Et revêtant de gloire un invisible outrage,
De peur d’en faire un roi je l’ai fait davantage :
Outre qu’indifférente aux vœux de tous les trois
J’espérais que l’amour pourrait suivre son choix,
Et que le moindre d’eux, de soi-même estimable,
Recevrait de sa main la qualité d’aimable.
Voilà, Blanche, où j’en suis ; voilà ce que j’ai fait ;
Voilà les vrais motifs dont tu voyais l’effet ;
Car mon âme pour lui, quoique ardemment pressée,
Ne saurait se permettre une indigne pensée ;
Et je mourrais encore avant que m’accorder
Ce qu’en secret mon cœur ose me demander.
Mais enfin je vois bien que je me suis trompée
De m’en être remise à qui porte une épée,
Et trouve occasion, dessous cette couleur,
De venger le mépris qu’on fait de sa valeur.
Je devais par mon choix étouffer cent querelles ;
Et l’ordre que j’y tiens en forme de nouvelles,
Et jette entre les grands, amoureux de mon rang,
Une nécessité de répandre du sang.
Mais j’y saurai pourvoir.

BLANCHE

C’est un pénible ouvrage
D’arrêter un combat qu’autorise l’usage,
Que les lois ont réglé, que les rois vos aïeux
Daignaient assez souvent honorer de leurs yeux :