Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/487

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Qu’il ne tiendra qu’à vous que mon cœur n’y consente :
Votre sang avec moi n’a qu’à se déclarer,
Et je vous donne après liberté d’espérer.
Que si même à ce prix vous cachez votre race,
Ne me refusez point du moins une autre grâce :
Ne vous préparez plus à nous accompagner ;
Nous n’avons plus besoin de secours pour régner.
La mort de Dom Garcie a puni tous ses crimes,
Et rendu l’Aragon à ses rois légitimes ;
N’en cherchez plus la gloire, et quels que soient vos vœux,
Ne me contraignez point à plus que je ne veux.
Le prix de la valeur doit avoir ses limites ;
Et je vous crains enfin avec tant de mérites.
C’est assez vous en dire. Adieu : pensez-y bien,
Et faites-vous connaître, ou n’aspirez à rien.



Scène 4



BLANCHE

Qui ne vous craindra point, si les reines vous craignent ?

CARLOS

Elles se font raison lorsqu’elles me dédaignent.

BLANCHE

Dédaigner un héros qu’on reconnaît pour roi !

CARLOS

N’aide point à l’envie à se jouer de moi,
Blanche, et si tu te plais à seconder sa haine,
Du moins respecte en moi l’ouvrage de ta reine.

BLANCHE