Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/488

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La reine même en vous ne voit plus aujourd’hui
Qu’un prince que le ciel nous montre malgré lui ;
Mais c’est trop la tenir dedans l’incertitude ;
Ce silence vers elle est une ingratitude :
Ce qu’a fait pour Carlos sa générosité
Méritait de Dom Sanche une civilité.

CARLOS

Ah ! Nom fatal pour moi, que tu me persécutes,
Et prépares mon âme à d’effroyables chutes !



Scène 5



CARLOS

Madame, commandez qu’on me laisse en repos,
Qu’on ne confonde plus Dom Sanche avec Carlos ;
C’est faire au nom d’un prince une trop longue injure :
Je ne veux que celui de votre créature ;
Et si le sort jaloux, qui semble me flatter,
Veut m’élever plus haut pour m’en précipiter,
Souffrez qu’en m’éloignant je dérobe ma tête
À l’indigne revers que sa fureur m’apprête.
Je le vois de trop loin pour l’attendre en ce lieu ;
Souffrez que je l’évite en vous disant adieu ;
Souffrez…

DONA ISABELLE

Quoi ? Ce grand cœur redoute une couronne !
Quand on le croit monarque, il frémit, il s’étonne !
Il veut fuir cette gloire, et se laisse alarmer
De ce que sa vertu force d’en présumer !