Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/538

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Tu l’entends mal, Attale ; il la met dans ma main.
Va trouver de ma part l’ambassadeur romain ;
Dedans mon cabinet amène-le sans suite,
Et de ton heureux sort laisse-moi la conduite.

Attale. Mais, madame, s’il faut…

Arsinoé. Va, n’appréhende rien ;
Et, pour avancer tout, hâte cet entretien.


Scène V

.
Arsinoé, Cléone
.


Cléone. Vous lui cachez, madame, un dessein qui le touche !

Arsinoé. Je crains qu’en l’apprenant son cœur ne s’effarouche :
Je crains qu’à la vertu par les Romains instruit
De ce que je prépare il ne m’ôte le fruit,
Et ne conçoive mal qu’il n’est fourbe ni crime
Qu’un trône acquis par là ne rende légitime.

Cléone. J’aurais cru les Romains un peu moins scrupuleux,
Et la mort d’Annibal m’eût fait mal juger d’eux.

Arsinoé. Ne leur impute pas une telle injustice ;
Un Romain seul l’a faite et par mon artifice.
Rome l’eût laissé vivre, et sa légalité
N’eût point forcé les lois de l’hospitalité :