Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/549

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Le peuple qui vous voit, la cour qui vous contemple,
Vous désobéiraient sur votre propre exemple.
Donnez-leur-en un autre, et montrez à leurs yeux
Que nos premiers sujets obéissent le mieux.

Nicomède. J’obéirai, seigneur, et plus tôt qu’on ne pense ;
Mais je demande un prix de mon obéissance.
La reine d’Arménie est due à ses Etats,
Et j’en vois les chemins ouverts par nos combats.
Il est temps qu’en son ciel cet astre aille reluire ;
De grâce, accordez-moi l’honneur de l’y conduire.

Prusias. Il n’appartient qu’à vous ; et cet illustre emploi
Demande un roi lui-même ou l’héritier d’un roi.
Mais pour la renvoyer jusqu’en son Arménie
Vous savez qu’il y faut quelque cérémonie ;
Tandis que je ferai préparer son départ,
Vous irez dans mon camp l’attendre de ma part.

Nicomède. Elle est prête à partir sans plus grand équipage.

Prusias. Je n’ai garde à son rang de faire un tel outrage.
Mais l’ambassadeur entre, il le faut écouter ;
Puis nous verrons quel ordre on y doit apporter.