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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/589

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Il faut ordre nouveau ! Quoi ! se pourrait-il faire
Qu’à l’œuvre de ses mains Rome devînt contraire,
Que ma grandeur naissante y fît quelques jaloux ?

Flaminius. Que présumez-vous, prince ? et que me dites-vous ?

Attale. Vous-même, dites-moi comme il faut que j’explique
Cette inégalité de votre république.

Flaminius. Je vais vous l’expliquer, et veux bien vous guérir
D’une erreur dangereuse où vous semblez courir..
Rome qui vous servait auprès de Laodice
Pour vous donner son trône eût fait une injustice ;
Son amitié pour vous lui faisait cette loi :
Mais par d’autres moyens elle vous a fait roi ;
Et le soin de sa gloire à présent la dispense
De se porter pour vous à cette violence.
Laissez donc cette reine en pleine liberté,
Et tournez vos désirs de quelque autre côté.
Rome de votre hymen prendra soin elle-même.

Attale. Mais s’il arrive enfin que Laodice m’aime ?

Flaminius. Ce serait mettre encor Rome dans le hasard
Que l’on crût artifice ou force de sa part ;
Cet hymen jetterait une ombre sur sa gloire.
Prince, n’y pensez plus, si vous m’en pouvez croire ;
Ou, si de mes conseils vous faites peu d’état,
N’y pensez plus du moins sans l’aveu du sénat.

Attale. À voir quelle froideur à tant d’amour succède,
Rome ne m’aime pas ; elle hait Nicomède :