Ô d’un lâche tyran ministre encore plus lâche,
Qui sous un faux semblant d’un peu d’humanité
Penses contre mes pleurs faire sa sûreté !
Que ne dis-tu plutôt que ses justes alarmes
Aux yeux des bons sujets veulent cacher mes larmes,
Qu’il lui faut me bannir, de crainte que mes cris
Du peuple et de la cour n’émeuvent les esprits ?
Traître, si tu n’étais de son intelligence,
Pourrait-il refuser ta tête à sa vengeance ?
Que devient, Grimoald, que devient ton courroux ?
Tes ordres en sa garde avaient mis mon époux.
Il a brisé ses fers, il sait où va sa fuite ;
Si je le veux rejoindre, il s’offre à ma conduite ;
Et quand son sang devrait te répondre du sien,
Il te voit, il te parle, et n’appréhende rien !
Quand ce qu’il fait pour vous hasarderait ma vie,
Je ne puis le punir de vous avoir servie.
Si j’avais cependant quelque peur que vos cris
De la cour et du peuple émussent les esprits,
Sans vous prier de fuir pour finir mes alarmes,
J’aurais trop de moyens de leur cacher vos larmes.
Mais vous êtes, Madame, en pleine liberté ;
Vous pouvez faire agir toute votre fierté[1],
Porter dans tous les cœurs ce qui règne en votre âme :
Le vainqueur du mari ne peut craindre la femme.
Mais que veut ce soldat[2] ?