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ACTE V, SCÈNE IV.


Scène IV.

GRIMOALD, RODELINDE, ÉDÜIGE, UNULPHE, Soldat[1].
SOLDAT.

Mais que veut ce soldat ?Vous avertir, Seigneur,
D’un grand malheur ensemble et d’un rare bonheur.
1735Garibalde n’est plus, et l’imposteur infâme
Qui tranche ici du roi lui vient d’arracher l’âme ;
Mais ce même imposteur est en votre pouvoir.

GRIMOALD.

Que dis-tu, malheureux ?

SOLDAT.

Que dis-tu, malheureux ?Ce que vous allez voir.

GRIMOALD.

Ô ciel ! en quel état ma fortune est réduite,
1740S’il ne m’est pas permis de jouir de sa fuite !
Faut-il que de nouveau mon cœur embarrassé
Ne puisse… Mais dis-nous comment tout s’est passé.

SOLDAT.

Le duc, ayant appris quelles intelligences
Déroboient un tel fourbe à vos justes vengeances,
1745L’attendoit à main-forte, et lui fermant le pas :
« À lui seul, nous dit-il ; mais ne le blessons pas.
Réservons tout son sang aux rigueurs des supplices,
Et laissons par pitié fuir ses lâches complices. »
Ceux qui le conduisoient, du grand nombre étonnés,

    SCÈNE IV (a).
    GRIMOALD, PERTHARITE, RODELINDE, ÉDÜIGE, UNULPHE ;
    Soldats, conduisant Pertharite prisonnier.
    SOLDAT, à Grimoald. Seigneur… PERTH., au soldat. Je suis encor ton roi,
    Traître, et je te défends de parler devant moi.
    [GRIM. Ô ciel ! en quel état ma fortune est réduite,
    S’il ne m’est pas permis de jouir de sa fuite !]
    SOLDAT. Seigneur… PERTH., au soldat. Tais-toi, te dis-je une seconde fois.
    À Grimoald. [Tu me revois, tyran qui méconnois les rois.] (1653-56)

    (a) Cette scène est la dernière de l’acte dans les éditions de 1653-56.

  1. Voltaire a mis ici : un soldat, et dans le courant de la scène : le soldat.