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ŒDIPE.

Qu’il en eut très-bien des pistoles.
Pour Floridor, on l’applaudit :
Il dit fort bien tout ce qu’il dit ;
Un orateur n’eût su mieux faire,
Mais ce n’est que son ordinaire.

Corneille, dans son avis Au lecteur[1], remercie le Roi en ces termes de la libéralité dont il avait fait preuve en cette occasion : « Cette tragédie a plu assez au Roi pour me faire recevoir de véritables et solides marques de son approbation : je veux dire ses libéralités, que j’ose nommer des ordres tacites, mais pressants, de consacrer aux divertissements de Sa Majesté ce que l’âge et les vieux travaux m’ont laissé d’esprit et de vigueur. »

Nous avons encore à recueillir ici, comme pour le Cid et pour Nicomède[2], un témoignage contemporain qui constate des changements importants exécutés par l’auteur avant l’impression de l’ouvrage. « Dans les premières représentations, dit l’abbé d’Aubignac, M. Corneille s’étoit chargé de deux narrations longues, ennuyeuses et mal placées, et je les avois condamnées ; mais je ne suis pas si mal content de celles qu’il a mises dans l’impression[3]. »

Loret, rendant compte dans la Muse Historique du 6 décembre 1659 de la première représentation des Précieuses ridicules de Molière, et rappelant à cette occasion les derniers grands succès obtenus au théâtre, s’exprime ainsi :

Jamais l’Œdipe de Corneille,
Que l’on tient être une merveille,
La Cassandre de Boisrobert,
Le Néron de monsieur Gilbert
.    .    .    .    .    .    .    .    .    .    
.    .    .    .    .    .    .    .    .    .    
N’eurent une vogue si grande,
Tant la pièce sembla friande.

La pièce de Boisrobert remontait déjà un peu haut ; elle est

  1. Voyez ci-après, p. 125.
  2. Voyez tome III, p. 18, et tome V, p. 508 et 609.
  3. Troisième dissertation. Recueil… publié par l’abbé Granet, tome II, p. 53 et 54 — Sur ces Dissertations de d’Aubignac, voyez ci-après la notice de Sophonisbe.