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NOTICE.

Attiré par le bruit que fait
Cet ouvrage grand et parfait
Et d’excellence sans pareille,
Le dernier de Monsieur Corneille.

Dans la Gazette du 15, Renaudot nous donne à ce sujet des détails beaucoup plus complets : « Ce jour-là 8, Leurs Majestés, avec lesquelles étoient Monsieur, Mademoiselle, la princesse Palatine et grand nombre d’autres personnes de qualité, se trouvèrent à la représentation qui se fit à l’hôtel de Bourgogne, par 1 a troupe royale, de l’Œdipe du sieur Corneille, le dernier ouvrage de ce célèbre auteur, et dans lequel, après en avoir fait tant d’autres d’une force merveilleuse, il a néanmoins si parfaitement réussi, que s’y étant surpassé lui-même, il a aussi mérité un surcroît de louange de tous ceux qui se sont trouvés à ce chef-d’œuvre, et même, pour comble de gloire, d’un monarque dont le sentiment ne doit pas être moins souverain de tous les autres qu’il l’est du plus florissant État de l’Europe. Cette troupe, qui soutient si bien son titre par la réputation qu’elle donne à tout ce qu’elle représente, y réussit pareillement d’une si belle manière, qu’elle en fut admirée de toute la cour, et le sieur Floridor complimenta le Roi sur l’honneur qu’il avoit fait à sa compagnie, avec tant de grâce, qu’il en eut aussi un applaudissement universel. »

Loret, du reste, dans sa Muse historique du 15, complète sa première relation, et, après avoir parlé d’une représentation donnée au Petit-Bourbon, en présence du frère du Roi, et où

Le premier acteur de ce lieu.
L’honorant comme un demi-Dieu,
Lui fît une harangue expresse,

il ajoute :

Le successeur de Bellerose,
Floridor, fit la même chose
À notre grand Roi, l’autre jour,
À l’aspect de toute sa cour,
Y compris l’auguste Philippe,
Ayant récité leur Œdipe,
Qui des Majestés fut trouvé
Si beau, si fort, si relevé,
Et si plein de grandes paroles,