Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/163

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Jocaste.

Je ne vois rien encor fort à craindre pour eux :
Dircé les aime en sœur, Thésée est généreux ;
Et si pour un grand cœur c’est assez d’un empire,
À son ambition Athènes doit suffire.


Œdipe.

Vous mettez une borne à cette ambition !


Jocaste.

J’en prends, quoi qu’il en soit, peu d’appréhension ;
Et Thèbes et Corinthe ont des bras comme Athènes.
Mais nous touchons peut-être à la fin de nos peines :
Dymas est de retour, et Delphes a parlé.


Œdipe.

Que son visage montre un esprit désolé !



Scène V

.

Œdipe.

Eh bien ! Quand verrons-nous finir notre infortune ?
Qu’apportez-vous, Dymas ? Quelle réponse ?


Dymas.

Aucune.


Œdipe.

Quoi ? Les dieux sont muets ?


Dymas.

Ils sont muets et sourds.
Nous avons par trois fois imploré leur secours,
Par trois fois redoublé nos vœux et nos offrandes :
Ils n’ont pas daigné même écouter nos demandes.
À peine parlions-nous, qu’un murmure confus
Sortant du fond de l’antre expliquait leur refus ;