Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/170

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Et de quoi qu’on menace en de tels différends,
Qui ne craint point la mort ne craint point les tyrans.
Ce mot m’est échappé, je n’en fais point d’excuse ;
J’en ferai, si le temps m’apprend que je m’abuse.
Rendez-vous cependant maître de tout mon sort ;
Mais n’offrez à mon choix que Thésée ou la mort.


Œdipe.

On pourra vous guérir de cette frénésie.
Mais il faut aller voir ce qu’a fait Tirésie :
Nous saurons au retour encor vos volontés.


Dircé.

Allez savoir de lui ce que vous méritez.



Scène II

.

Dircé.

Mégare, que dis-tu de cette violence ?
Après s’être emparé des droits de ma naissance,
Sa haine opiniâtre à croître mes malheurs
M’ose encore envier ce qui me vient d’ailleurs.
Elle empêche le ciel de m’être enfin propice,
De réparer vers moi ce qu’il eut d’injustice,
Et veut lier les mains au destin adouci
Qui m’offre en d’autres lieux ce qu’on me vole ici.


Mégare.

Madame, je ne sais ce que je dois vous dire :
La raison vous anime, et l’amour vous inspire ;
Mais je crains qu’il n’éclate un peu plus qu’il ne faut,
Et que cette raison ne parle un peu trop haut.
Je crains qu’elle n’irrite un peu trop la colère
D’un roi qui jusqu’ici vous a traitée en père,
Et qui vous a rendu tant de preuves d’amour,