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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/221

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ACTE V, SCÈNE II,

Vous fûtes exposé jadis par un Thébain,
Dont la compassion vous remit en ma main,
1725Et qui, sans m’éclaircir touchant votre naissance,
Me chargea seulement d’éloigner votre enfance.
J’en connois le visage, et l’ai revu souvent,
Sans nous être tous deux expliqués plus avant :
Je luis dis qu’en éclat j’avois mis votre vie,
1730Et lui cachai toujours mon nom et ma patrie,
De crainte, en les sachant, que son zèle indiscret
Ne vînt mal à propos troubler notre secret.
Mais comme de sa part il connoît mon visage,
Si je le trouve ici, nous saurons davantage.

Œdipe.

Je serais donc Thébain à ce compte ?

Iphicrate.

1735Je serais donc Thébain à ce compte ?Oui, seigneur.

Œdipe.

Je ne sais si je dois le tenir à bonheur :
Mon cœur, qui se soulève, en forme un noir augure
Sur l’éclaircissement de ma triste aventure.
Où me reçûtes-vous ?

Iphicrate.

Où me reçûtes-vous ?Sur le mont Cythéron.

Œdipe.

1740Ah ! Que vous me frappez par ce funeste nom !
Le temps, le lieu, l’oracle, et l’âge de la Reine,
Tout semble concerté pour me mettre à la gêne.
Dieux ! seroit-il possible ? Approchez-vous, Phorbas.