Ses crimes inconnus avoient fait nos malheurs;
Et sa vertu souillée à peine s’est punie,
Qu’aussitôt de ces lieux la peste s’est bannie.
L’effort de son courage a su nous éblouir:
D’un si grand désespoir il cherchait à jouir,
Et de sa fermeté n’empruntait les miracles
Que pour mieux éviter toute sorte d’obstacles.
Il s’est rendu par là maître de tout son sort.
Mais achève, Dymas, le récit de sa mort ;
Achève d’accabler une âme désolée.
Il n’est point mort, madame ; et la sienne, ébranlée
Par les confus remords d’un innocent forfait,
Attend l’ordre des dieux pour sortir tout à fait.
Que nous disais-tu donc ?
Ce que j’ose encor dire,
Qu’il vit et ne vit plus, qu’il est mort et respire ;
Et que son sort douteux, qui seul reste à pleurer,
Des morts et des vivants semble le séparer.
J’étais auprès de lui sans aucunes alarmes;
Son cœur semblait calmé, je le voyais sans armes,
Quand soudain, attachant ses deux mains sur ses yeux :
" prévenons, a-t-il dit, l’injustice des dieux ;
Commençons à mourir avant qu’ils nous l’ordonnent ;