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ACTE I




DÉCORATION DU PREMIER ACTE.

Ce grand jardin, qui en fait la scène, est composé de trois rangs de cyprès, à côté desquels on voit alternativement en chaque châssis des statues de marbre blanc à l’antique, qui versent de gros jets d’eau dans de grands bassins, soutenus par des Tritons, qui leur servent de piédestal, ou trois vases qui portent, l’un des orangers, et les deux autres diverses fleurs en confusion, chantournées[1] et découpées à jour. Les ornements de ces vases et de ces bassins sont rehaussés d’or, et ces statues portent sur leurs têtes des corbeilles d’or treillissées et remplies de pareilles fleurs. Le théâtre est fermé par une grande arcade de verdure, ornée de festons de fleurs avec une grande corbeille d’or sur le milieu, qui en est remplie comme les autres. Quatre autres arcades qui la suivent composent avec elle un berceau qui laisse voir plus loin un autre jardin de cyprès, entremêlés avec quantité[2] d’autres statues à l’antique ; et la perspective du fond borne la vue par un parterre encore plus éloigné, au milieu duquel s’élève une fontaine avec divers autres jets d’eau, qui ne font pas le moindre agrément de ce spectacle.



Scène première

CHALCIOPE, MÉDÉE.
Médée.

Parmi ces grands sujets d’allégresse publique,
Vous portez sur le front un air mélancolique :
Votre humeur paroît sombre ; et vous semblez, ma sœur,
Murmurer en secret contre notre bonheur.

  1. Ce mot est écrit champtournées dans toutes les éditions publiées du vivant de Corneille, dans celle de 1692, et même encore dans celle de Voltaire (1764).
  2. Var. (Dessein et édit. de 1661-1664) : mêlés de quantité.