À ces ordres des Dieux dont l’effet m’inquiète :
Son ombre en mots exprès nous les a fait savoir.
À des fantômes vains donnez moins de pouvoir.
Une ombre est toujours ombre, et des nuits éternelles
Il ne sort point de jours qui ne soient infidèles.
Ce n’est point à l’enfer à disposer des rois,
Et les ordres du ciel n’empruntent point sa voix.
Mais vos bontés par là cherchent à faire grâce
Au trop d’ambition dont vous voyez l’audace ;
Et c’est pour colorer un trop juste refus
Que vous faites parler cette ombre de Phryxus.
Quoi ? de mon noir destin la triste certitude
Ne seroit qu’un prétexte à mon ingratitude ?
Et quand je vous dois tout, je voudrois essayer
Un mauvais artifice à ne vous rien payer ?
Quoi que vous en croyiez, quoi que vous puissiez dire,
Pour vous désabuser partageons mon empire.
Cette offre peut-elle être un refus coloré,
Et répond-elle mal à ce que j’ai juré ?
D’autres l’accepteroient avec pleine allégresse ;
Mais elle n’ouvre pas les chemins de la Grèce ;
Et ces héros, sortis ou des Dieux ou des rois,
Ne sont pas mes sujets pour vivre sous mes lois.
C’est à l’heur du retour que leur courage aspire,
Et non pas à l’honneur de me faire un empire.
Rien ne peut donc changer ce rigoureux désir ?
Seigneur, nous n’avons pas le pouvoir de choisir.
Ce n’est que perdre temps qu’en parler davantage ;
Et vous savez à quoi le serment vous engage.