Téméraire serment qui me fait une loi
Dangereuse pour vous, ou funeste pour moi !
La toison est à vous si vous pouvez la prendre,
Car ce n’est pas de moi qu’il vous la faut attendre.
Comme votre Phryxus l’a consacrée à Mars,
Ce dieu même lui fait d’effroyables remparts,
Contre qui tout l’effort de la valeur humaine
Ne peut être suivi que d’une mort certaine :
Il faut pour l’emporter quelque chose au-dessus
J’ouvrirai la carrière, et ne puis rien de plus :
Il y va de ma vie ou de mon diadème ;
Mais je tremble pour vous autant que pour moi-même.
Je croirais faire un crime à vous le déguiser ;
Il est en votre choix d’en bien ou mal user.
Ma parole est donnée, il faut que je la tienne ;
Mais votre perte est sûre à moins que de la mienne.
Adieu : pensez-y bien. Toi, ma fille, dis-lui
À quels affreux périls il se livre aujourd’hui.
Scène IV
Ces périls sont légers.
Ah ! divine princesse !
Il n’y faut que du cœur, des forces, de l’adresse.
Vous en avez Jason ; mais peut-être, après tout,
Ce que vous en avez n’en viendra pas à bout.
Madame, si jamais…