Elle blâme déjà son trop d’emportement.
C’est à vous d’achever un si doux changement.
Un soupir poussé juste, en suite d’une excuse,
Perce un cœur bien avant quand lui-même il s’accuse,
Et qu’un secret retour le force à ressentir
De sa fureur trop prompte un tendre repentir.
Déesse, quels encens[1]…
Jason, et laissez là l’encens et la Déesse.
Quand vous serez en Grèce il y faudra penser ;
Mais ici vos devoirs s’en doivent dispenser :
Par ce respect suprême ils m’y feroient connaître.
Laissez-y-moi passer pour ce que je feins d’être,
Jusqu’à ce que le cœur de Médée adouci…
Madame, puisqu’il faut ne vous nommer qu’ainsi,
Vos ordres me seront des lois inviolables :
J’aurai pour les remplir des soins infatigables ;
Et mon amour plus fort…
Que Médée a des traits dont vos sens sont charmés.
Mais cette passion est-elle en vous si forte
Qu’à tous autres objets elle ferme la porte ?
Ne souffre-t-elle plus l’image du passé ?
Le portrait d’Hypsipyle est-il tout effacé ?
Ah !
Vous en soupirez !
- ↑ Quels encens, au pluriel, est la leçon de toutes les anciennes éditions, y compris celle de Thomas Corneille (1692) et de Voltaire (1764).