ACTE II.
La rivière du Phase et le paysage qu’elle traverse succèdent à ce grand jardin, qui disparoît tout d’un coup. On voit tomber de gros torrents des rochers qui servent de rivage à ce fleuve ; et l’éloignement qui borne la vue présente aux yeux divers coteaux dont cette campagne est fermée[1].
Scène première
Nous pouvons à l’écart, sur ces rives du Phase,
Parler en sûreté du feu qui vous embrase.
Souvent votre Médée y vient prendre le frais,
Et pour y mieux rêver s’échappe du palais.
Il faut venir à bout de cette humeur altière :
De sa sœur tout exprès j’ai pris l’image entière,
Mon visage a même air, ma voix a même ton ;
Vous m’en voyez la taille, et l’habit, et le nom ;
Et je la cache à tous sous un épais nuage.
De peur que son abord ne trouble mon ouvrage.
Sous ces déguisements j’ai déjà rétabli
Presque en toute sa force un amour affoibli.
L’horreur de vos périls, que redoublent les charmes,
Dans cette âme inquiète excite mille alarmes :
- ↑ Var. (édit. de 1661-1668) : dont cette campagne est enfermée.