D’Absyrte à ses beautés livrera toute l’âme ;
L’Amour me l’a promis : vous l’en verrez charmé[1] ;
Mais vous serez sans doute encor le plus aimé.
Il faut donc prévenir ce dieu qui l’a sauvée,
Emporter la toison avant son arrivée.
Votre amante paroît : agissez en amant
Qui veut en effet vaincre, et vaincre promptement.
Scène II
Que faites-vous, ma sœur, avec ce téméraire ?
Quand son orgueil m’outrage, a-t-il de quoi vous plaire ?
Et vous a-t-il réduite à lui servir d’appui,
Vous qui parliez tantôt, et si haut, contre lui ?
Je suis toujours sincère ; et dans l’idolâtrie
Qu’en tous ces héros grecs je vois pour leur patrie,
Si votre cœur étoit encore à se donner,
Je ferois mes efforts à vous en détourner :
Je vous dirois encor ce que j’ai su vous dire ;
Mais l’amour sur tous deux a déjà trop d’empire :
Il vous aime, et je vois qu’avec les mêmes traits…
Que dites-vous, ma sœur ? il ne m’aima jamais.
À quelque complaisance il a pu se contraindre ;
Mais s’il feignit d’aimer, il a cessé de feindre,
Et me l’a bien fait voir en demandant au Roi,
En ma présence même, un autre prix que moi.
Ne condamnons personne avant que de l’entendre.
- ↑ Var. L’amour me l’a promis : il en sera charmé. (1661 et 63)