Allez, tritons, allez, sirènes ;
Allez, vents, et rompez vos chaînes ;
Neptune est satisfait,
Et l’ordre qu’il vous donne a son entier effet.
Jason, vois les bontés de ce même Neptune,
Qui pour achever ta fortune,
A sauvé du naufrage, et renvoie à tes vœux
La princesse qui seule est digne de ta flamme.
À son aspect rallume tous tes feux ;
Et pour répondre aux siens, rends-lui toute ton âme.
Et toi, qui jusques à Colchos
Dois à tant de beautés un assuré passage,
Fleuve, pour un moment retire un peu tes flots,
Et laisse approcher ton rivage.
Princesse, en qui du ciel les merveilleux efforts
Se sont plu[2] d’animer ses plus rares trésors,
Souffrez qu’au nom du Roi dont je tiens la naissance,
Je vous offre en ces lieux une entière puissance :
Régnez dans ses États, régnez dans son palais ;
Et pour premier hommage à vos divins attraits…
Faites moins d’honneur, Prince, à mon peu de mérite :
Je ne cherche en ces lieux qu’un ingrat qui m’évite.
Au lieu de m’aborder, Jason, vous pâlissez !
Dites-moi pour le moins si vous me connoissez.
Je sais bien qu’à Lemnos vous étiez Hypsipyle ;
Mais ici…