Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/360

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ont aux deux bouts et au milieu des aigles d’or, entre lesquelles[1] on voit peintes en basse-taille[2] toutes les amours de ce dieu. Les deux côtés font voir chacun un rang de piliers enrichis de diverses pierres précieuses, environnées chacune d’un cercle ou d’un carré d’or. Au haut de ces piliers sont d’autres grands aigles d’or qui soutiennent de leur bec le plat fond[3] de ce palais, composé de riches étoffes de diverses couleurs, qui font comme autant de courtines, dont les aigles laissent pendre les bouts en forme d’écharpes[4]. Jupiter a un autre grand aigle[5] à ses pieds, qui porte son foudre ; et Junon est à sa gauche, avec un paon aussi à ses pieds, de grandeur et de couleur naturelle[6].)



Scène VII

LE SOLEIL, JUPITER, JUNON, AÆTE, HYPSIPYLE, ABSYRTE.
Aæte.

Âme de l’univers, auteur de ma naissance,
Dont nous voyons partout éclater la puissance,
Souffriras-tu qu’un roi qui tient de toi le jour
Soit lâchement trahi par un indigne amour ? 2150
À ces Grecs vagabonds refuse ta lumière,
De leurs climats chéris détourne ta carrière,
N’éclaire point leur fuite après qu’ils m’ont détruit[7],
Et répands sur leur route une éternelle nuit.
Fais plus, montre-toi père ; et pour venger ta race, 2155
Donne-moi tes chevaux à conduire en ta place ;

  1. Toutes les éditions anciennes, sans en excepter celles de Thomas Corneille et de Voltaire (1764), font ici aigles du féminin, et, quelques lignes plus loin, deux fois du masculin.
  2. Voyez plus haut, p. 299, note 2.
  3. Les éditions publiées du vivant de Corneille ont toutes plat fond, en deux mots ; celles de 1692 et de Voltaire (1764), platfond, en un seul.
  4. Thomas Corneille et Voltaire donnent écharpe, au singulier.
  5. Var. Jupiter, assis en son trône, a un autre grand aigle. (Dessein.)
  6. Toutes nos éditions, même celles de 1692 et de 1764, ont ainsi naturelle, au singulier.
  7. Var. N’éclaire pas leur fuite après qu’ils m’ont détruit. (1661 et 63)