Tremble, et crois voir bientôt trébucher ta fierté,
Si je puis t’enlever ce que tu m’as ôté.
Pour faire de Pompée un gendre de ta femme[1],
Tu l’as fait un parjure, un méchant, un infâme ;
Mais s’il me laisse encore quelques droits sur son cœur,
Il reprendra sa foi, sa vertu, son honneur :
Pour rentrer dans mes fers il brisera tes chaînes,
Et nous t’accablerons sous[2] nos communes haines.
J’abuse trop, Seigneur, d’un précieux loisir ;
voilà vos intérêts, c’est à vous de choisir.
Si votre amour trop prompt veut borner sa conquête,
Je vous le dis encor, ma main est toute prête.
Je vous laisse y penser. Surtout, souvenez-vous
Que ma gloire en ces lieux me demande un époux ;
Qu’elle ne peut souffrir que ma fuite m’y range
En captive de guerre, au péril d’un échange,
Qu’elle veut un grand homme à recevoir ma foi,
Qu’après vous et Pompée, il n’en est point pour moi,
Et que…
Vous le verrez, et saurez sa pensée.
Adieu, Seigneur, j’y suis la plus intéressée,
Et j’y vais préparer mon reste de pouvoir.
Moi, je vais donner ordre à le bien recevoir[3].
Dieux, souffrez qu’à mon tour avec vous je m’explique,
Que c’est un sort cruel d’aimer par politique !
Et que ses intérêts sont d’étranges malheurs,
S’ils font donner la main quand le cœur est ailleurs !