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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/409

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ACTE II, SCENE I.

ACTE III.


Scène première[1].

Sertorius, Pompée, suite.
Sertorius.

Seigneur, qui des mortels eût jamais osé croire
Que la trêve à tel point dût rehausser ma gloire ;7
Qu’un nom à qui la guerre a fait trop applaudir
Dans l’ombre de la paix trouvât à s’agrandir ?
Certes, je doute encor si ma vue est trompée,
Alors que dans ces murs je vois le grand Pompée ;
Et quand il lui plaira, je saurai quel bonheur7
Comble Sertorius d’un tel excès d’honneur.

Pompée.

Deux raisons ; mais, Seigneur, faites qu’on se retire,
Afin qu’en liberté je puisse vous les dire[2].
L’inimitié qui règne entre nos deux partis

  1. Corneille s’effrayait un peu de l’étendue de cette belle scène ; il dit dans la lettre à l’abbé de Pure que nous avons citée plusieurs fois (voyez p. 353 et p, 358, note 2) : « J’espère dans trois ou quatre jours avoir achevé le troisième acte. J’y fais un entretien de Pompée avec Sertorius que les deux premiers préparent assez, mais je ne sais si on en pourra souffrir la longueur. Il est de deux cent cinquante-deux vers. Il me semble que deux hommes tels qu’eux, généraux de deux armées ennemies, ne peuvent achever en deux mots une conférence si attendue durant une trêve. On a souffert Cinna et Maxime, qui en ont consumé davantage à consulter avec Auguste. Les vers de ceux-ci me semblent bien assez forts et plus pointilleux, ce qui aident souvent au théâtre, où les picoteries soutiennent et réveillent l’attention de l’auditeur. » Malgré ses appréhensions, Corneille n’a retranché que huit vers de cet entretien, qui, dans l’édition originale, n’en a plus que deux cent quarante-quatre.
  2. Voltaire coupe ici la scène, et fait commencer au vers suivant la scène ii. avec ces mots en tête : sertorius et pompée, assis.