Il nous laissera vivre, et je vous ai nommé !
Si de nous voir dans Rome il n’est point alarmé,
Nos communs ennemis, qui prendront sa conduite,
En préviendront pour lui la dangereuse suite.
Seigneur, quand pour l’empire on s’est vu désigner,
Il faut, quoi qu’il arrive, ou périr ou régner.
Le posthume Agrippa[1] vécut peu sous Tibère ;
Néron n’épargna point le sang de son beau-frère[2] ;
Et Pison vous perdra par la même raison,
Si vous ne vous hâtez de prévenir Pison.
Il n’est point de milieu qu’en saine politique…
Et l’amour est la seule où tout mon cœur s’applique.
Rien ne vous a servi, seigneur, de me nommer :
Vous voulez que je règne, et je ne sais qu’aimer.
Je pourrois savoir plus, si l’astre qui domine
Me vouloit faire un jour régner avec Plautine ;
Mais dérober son âme à de si doux appas,
Pour attacher sa vie à ce qu’on n’aime pas !
Eh bien ! si cet amour a sur vous tant de force,
Régnez : qui fait des lois peut bien faire un divorce.
Du trône on considère enfin ses vrais amis,
Et quand vous pourrez tout, tout vous sera permis.