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ACTE II, SCÈNE V.
Et ce qu’il ôte au père, il veut le rendre au fils[1] !
Comte, c’est un effort à dissiper la gloire
Des noms les plus fameux dont se pare l’histoire,
Et que le grand Auguste ayant osé tenter[2],
N’osa prendre du cœur jusqu’à l’exécuter.
Je viens donc y répondre, et de toute mon âme
Te rendre pour mon fils…
GRIMOALD.
Ne vous abaissez point à des remercîments :
C’est moi qui vous dois tout ; et si mes sentiments…
RODELINDE.
Cet effort merveilleux en sa gloire parfaite[3],
Et que ma propre main tâche d’en arracher
Tout ce mélange impur dont tu le veux tacher ;
Car enfin cet effort est de telle nature,
Que la source en doit être à nos yeux toute pure :
La vertu doit régner dans un si grand projet[4],
En être seule cause, et l’honneur seul objet ;
- ↑ Var. Et ce qu’il ôte au père, il veut le rendre au fils ! (1653-64)
- ↑ Var. Et que le seul Auguste ayant osé tenter. (1653-56)
- ↑ Var. Cet effort sans exemple en sa gloire parfaite. (1653-63)
- ↑ « Andromaque dit à Pyrrhus (acte I, scène iv) :
Seigneur, que faites-vous ? et que dira la Grèce ?
Faut-il qu’un si grand cœur montre tant de foiblesse,
Et qu’un dessein si beau, si grand, si généreux (a),
Passe pour le transport d’un esprit amoureux ?…
Non, non ; d’un ennemi respecter la misère,
Sauver des malheureux, rendre un fils à sa mère,
De cent peuples pour lui combattre la rigueur,
Sans me faire payer son salut de mon cœur ;
Malgré moi, s’il le faut, lui donner un asile :
Seigneur, voilà des soins dignes du fils d’Achille.
On reconnaît dans Racine la même idée, les mêmes nuances que dans Cor-