Et depuis qu’on le souille ou d’espoir de salaire,
Ou de chagrin d’amour, ou de souci de plaire,
Il part indignement d’un courage abattu
Où la passion règne, et non pas la vertu.
Comte, penses-y bien ; et pour m’avoir aimée,
N’imprime point de tache à tant de renommée ;
Ne crois que ta vertu : laisse-la seule agir,
De peur qu’un tel effort ne te donne à rougir[1].
On publieroit de toi que les yeux d’une femme
Plus que ta propre gloire auroient touché ton âme ;
On diroit qu’un héros si grand, si renommé,
Ne seroit qu’un tyran s’il n’avoit point aimé.
Faites de vos mépris ma dernière victoire,
Et souffrez qu’on impute à ce bras trop heureux
Que votre seul amour l’a rendu généreux.
Souffrez que cet amour, par un effort si juste,
Ternisse le grand nom et les hauts faits d’Auguste,
Qu’il ait plus de pouvoir que ses vertus n’ont eu.
Qui n’adore que vous n’aime que la vertu.
- Vous la craindrez peut-être en quelque autre personne.
- Songez-y bien : il faut désormais que mon cœur,
- S’il n’aime avec transport, haïsse avec fureur ;
- Je n’épargnerai rien dans ma juste colère :
- Le fils me répondra du mépris (b) de la mère. » (Voltaire.)
- Voulez-vous qu’un dessein si beau, si généreux.
- ↑ Var. Que cet illustre effort ne te fasse rougir. (1653-56)
Var. Que cet illustre effort ne te donne à rougir. (1660-64)
neille ; mais avec cette douceur, cette mollesse, cette sensibilité, et cet heureux choix de mots qui porte l’attendrissement dans l’âme.
Grimoald dit à Rodelinde (vers 740) :
Grimoald entend par là le fils de Rodelinde, et il veut punir par la mort du fils les mépris de la mère ; c’est ce qui se développe au troisième acte. Ainsi Pyrrhus menace toujours Andromaque d’immoler Astyanax, si elle ne se rend à ses désirs (acte I, scène iv) :
(a) Le texte de Racine est :
(b) Dans Racine : « des mépris. »