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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/612

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OTHON.

Et que pour dérober l’empire à cette honte
L’univers a besoin qu’un vrai héros y monte.
535C’est ce qui me faisoit y souhaiter Othon ;
Mais à ce que j’apprends ce souhait n’est pas bon.
Laissons-en faire aux Dieux, et faites-vous justice ;
D’un cœur vraiment romain dédaignez le caprice.
Cent reines à l’envi vous prendront pour époux :
540Félix en eut bien trois, et valoit moins que vous.

MARTIAN.

Madame, encore un coup, souffrez que je vous aime.
Songez que dans ma main j’ai le pouvoir suprême,
Qu’entre Othon et Pison mon suffrage incertain,
Suivant qu’il penchera, va faire un souverain.
545Je n’ai fait jusqu’ici qu’empêcher l’hyménée
Qui d’Othon avec vous eût joint la destinée :
J’aurais pu hasarder quelque chose de plus ;
Ne m’y contraignez point à force de refus.
Quand vous cédez Othon, me souffrir en sa place,
550Peut-être ce sera faire plus d’une grâce ;
Car de vous voir à lui ne l’espérez jamais.


Scène III.

PLAUTINE, LACUS, MARTIAN, FLAVIE.
LACUS.

Madame, enfin Galba s’accorde à vos souhaits ;
Et j’ai tant fait sur lui, que dès cette journée,
De vous avec Othon il consent l’hyménée.

PLAUTINE[1].

555Qu’en dites-vous, seigneur ? Pourrez-vous bien souffrir
Cet hymen que Lacus de sa part vient m’offrir ?

  1. Dans l’édition de Voltaire (1764) : plautine, à Martian.