Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/613

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Le grand maître a parlé, voudrez-vous l’en dédire,
Vous qu’on voit après lui le premier de l’empire ?
Dois-je me ravaler jusques à cet époux ?
560Ou dois-je par votre ordre aspirer jusqu’à vous ?

LACUS.

Quel énigme[1] est-ce-ci, Madame ?

PLAUTINE.

Quel énigme est-ce-ci, Madame ? Sa grande âme
Me faisoit tout à l’heure un présent de sa flamme ;
Il m’assuroit qu’Othon jamais ne m’obtiendroit,
Et disoit à demi qu’un refus nous perdroit.
565Vous m’osez cependant assurer du contraire ;
Et je ne sais pas bien quelle réponse y faire.
Comme en de certains temps il fait bon s’expliquer,
En d’autres il vaut mieux ne s’y point embarquer.
Grands ministres d’État, accordez-vous ensemble,
570Et je pourrai vous dire après ce qui m’en semble.


Scène IV.

LACUS, MARTIAN.
LACUS.

Vous aimez donc Plautine, et c’est là cette foi
Qui contre Vinius vous attachait à moi ?

MARTIAN.

Si les yeux de Plautine ont pour moi quelque charme,
Y trouvez-vous, Seigneur, quelque sujet d’alarme ?
575Le moment bienheureux qui m’en feroit l’époux
Réuniroit par moi Vinius avec vous.
Par là de nos trois cœurs l’amitié ressaisie,

  1. Voyez Œdipe, vers 1059, ci-dessus, p. 179. — Thomas Corneille et Voltaire ont mis le féminin : « Quelle énigme. » Voltaire a de plus changé est-ce-ci en est ceci.