Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/617

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Faisons nos sûretés, et moquons-nous du reste.
Point, point de bien public[1] s’il nous devient funeste.
655De notre grandeur seule ayons des cœurs jaloux ;
Ne vivons que pour nous, et ne pensons qu’à nous.
Je vous le dis encor : mettre Othon sur nos têtes,
C’est nous livrer tous deux à d’horribles tempêtes.
Si nous l’en voulons croire, il nous devra le tout ;
660Mais de ce grand projet s’il vient par nous à bout,
Vinius en aura lui seul tout l’avantage :
Comme il l’a proposé, ce sera son ouvrage ;
Et la mort, ou l’exil, ou les abaissements,
Seront pour vous et moi ses vrais remercîments.

MARTIAN.

665Oui, notre sûreté veut que Pison domine :
Obtenez-en pour moi qu’il m’assure Plautine ;
Je vous promets pour lui mon suffrage à ce prix.
La violence est juste après de tels mépris.
Commençons à jouir par là de son empire,
670Et voyons s’il est homme à nous oser dédire.

LACUS.

Quoi ? votre amour toujours fera son capital
Des attraits de Plautine et du nœud conjugal !
Eh bien ! il faudra voir qui sera plus utile
D’en croire… Mais voici la princesse Camille.


Scène V.

CAMILLE, LACUS, MARTIAN, ALBANE.
CAMILLE.

675Je vous rencontre ensemble ici fort à propos,

  1. Dans l’édition de 1682, par erreur sans doute : « Point, point du bien public. »