Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/643

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1245J’en mourrai de douleur, mais je mourrois de rage[1],
Si vous me préfériez un reste d’esclavage.


Scène II.

VINIUS, OTHON, PLAUTINE.
OTHON.

Ah ! Seigneur, empêchez que Plautine…

VINIUS.

Ah ! Seigneur, empêchez que Plautine…Seigneur,
Vous empêcherez tout, si vous avez du cœur.
Malgré de nos destins la rigueur importune,
1250Le ciel met en vos mains toute notre fortune.

PLAUTINE.

Seigneur, que dites-vous ?

VINIUS.

Seigneur, que dites-vous ?Ce que je viens de voir,
Que pour être empereur il n’a qu’à le vouloir.

OTHON.

Ah ! Seigneur, plus d’empire, à moins qu’avec Plautine.

VINIUS.

Saisissez-vous d’un trône où le ciel vous destine ;
1255Et pour choisir vous-même avec qui le remplir,
À vos heureux destins aidez à s’accomplir.
L’armée a vu Pison, mais avec un murmure
Qui semblait mal goûter ce qu’on vous fait d’injure[2].
Galba ne l’a produit qu’avec sévérité,
1260Sans faire aucun espoir de libéralité.
Il pouvoit, sous l’appas[3] d’une feinte promesse,

  1. On lit : « mais j’en mourrois de rage, » dans l’édition de 1692 et dans celle de Voltaire (1764).
  2. Var. Qui sembloit mal goûter ce qu’on nous fait d’injure. (1665 et 66)
  3. Voyez tome I, p. 148, note 3.