Et l’amour, qui m’apprend le foible des amants,
Unit vos plus doux vœux[1] à mes ressentiments,
Pour me faire ébaucher ma vengeance en Plautine,
Et l’achever bientôt par sa propre ruine.
Ah ! si vous la voulez, je sais des bras tous prêts[2] ;
Et j’ai tant de chaleur pour tous vos intérêts…
Ah ! que c’est me donner une sensible joie !
Ces bras que vous m’offrez, faites que je les voie,
Que je leur donne l’ordre et prescrive le temps.
Je veux qu’aux yeux d’Othon vos desirs soient contents,
Que lui-même il ait vu l’hymen de sa maîtresse
Livrer entre vos bras l’objet de sa tendresse,
Qu’il ait ce désespoir avant que de mourir :
Après, à son trépas vous me verrez courir.
Jusque-là gardez-vous de rien faire entreprendre.
Du pouvoir qu’on me rend vous devez tout attendre.
Allez vous préparer à ces heureux moments ;
Mais n’exécutez rien sans mes commandements.
Scène VI.
Vous voulez perdre Othon ! vous le pouvez, Madame !
Que tu pénètres mal dans le fond de mon âme !
De son lâche rival voyant le noir projet,
J’ai su par cette adresse en arrêter l’effet,