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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/653

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ACTE IV, SCENE VI.

1465M’en rendre la maîtresse ; et je serai ravie
S’il peut savoir les soins que je prends de sa vie.
Va me chercher ton frère, et fais que de ma part
Il apprenne par lui ce qu’il court de hasard,
À quoi va l’exposer son aveugle conduite,
1470Et qu’il n’est plus pour lui de salut qu’en la fuite.
C’est tout ce qu’à l’amour peut souffrir mon courroux.

ALBIANE.

Du courroux à l’amour le retour seroit doux.


Scène VII.

CAMILLE, RUTILE, ALBIANE.
RUTILE.

Ah ! Madame, apprenez quel malheur nous menace.
Quinze ou vingt révoltés au milieu de la place
1475Viennent de proclamer Othon pour empereur.

CAMILLE.

Et de leur insolence Othon n’a point d’horreur,
Lui qui sait qu’aussitôt ces tumultes avortent ?

RUTILE.

Ils le mènent au camp, ou plutôt ils l’y portent[1] :
Et ce qu’on voit de peuple autour d’eux s’amasser
1480Frémit de leur audace, et les laisse passer.

CAMILLE.

L’Empereur le sait-il ?

RUTILE.

L’Empereur le sait-il ?Oui, Madame : il vous mande ;
Et pour un prompt remède à ce qu’on appréhende,

  1. Per tiberianam domum in Velabrum, inde ad miliarium aureum, sub ædem Saturni, pergit (Otho). Ibi tres et viginti speculatores consalulatum imperatorem, ac paucitate salutantium trepidum, et sellæ festinanter impositum, strictis mucronibus rapiunt. (Tacite, Histoires, livre I, chapitre xxvii.)